Peur du noir
C’est mon birthday today. Et ouais, déjà vingt-quatre ans que je suis là. C’est nul, je bosse toute la journée de 8h45 à 19h15, et je ne dors toujours pas. Et je vieillis. Mais le soir, mes potes m’emmènent dans mon resto italien préféré, j’ai trop hâte.
Ça me saoule aussi, parce que ces dernières années j’ai toujours l’impression que je vais crever d’une minute à l’autre. C’est bizarre hein ? Je ne sais pas si c’est depuis 2018, lorsqu’a débuté mon trouble panique, ou si c’était là bien avant.
J’ai pas envie de dormir. J’aime dormir, mais pas m’endormir, ni rêver. L’angoisse que je ressens quand je m’endors, c’est insupportable. On dirait un animal sur ses gardes, c’est trop bizarre. Comme si j’étais en train de mourir. Ou pire, que je ne pouvais plus contrôler mon flot de pensées. Genre, on n’est pas censé être encore conscient quand nos pensées deviennent totalement désorganisées, si ? Comme on n’est pas censé être conscient lorsqu’on rêve, ou quand on a une crise de somnambulisme. Bah moi si, ça m’arrive trop fréquemment. Une fois je me suis vue ouvrir les yeux et dire totalement n’importe quoi à mon ex, sans que je ne puisse rien y faire. Pourtant j’avais quelque chose de bien précis en tête, mais ma bouche déblatérait des phrases en vrac. J’avais déjà oublié quoi, j’ai rigolé de la situation et je me suis rendormie. Une nuit je me suis réveillée persuadée d’avoir trouver LA solution (idem, je me suis assoupie direct et j’ai oublié ma merveilleuse découverte, évidemment). Deux fois je me suis vue être prise dans un délire paranoïaque trop space. Je ne me souviens plus du second, mais en ce qui concerne le premier j’étais persuadée que les fleurs étaient maléfiques, et je voyais des signes partout et qui se reliaient de manière très logique entre eux, notamment sur l’écran de télé que j’avais laissé allumé. Parfois j’ai peur que mon cerveau vrille et que mes hallucinations et délires hypnagogiques ne dépassent du cadre des parasomnies, et qu’ils ne m’assaillent à toute heure de la journée. C’est pour ça que j’ai si peur de devenir schizophrène. Si ça se trouve c’est ça qui me fait peur avec l’endormissement, la perte de contrôle. Ça expliquerait aussi peut-être pourquoi je vais jusqu’à rester consciente lors de cette perte de pouvoir sur mon propre esprit. Parce que j’ai trop peur de lâcher prise.
Pourtant ça ne me le faisait pas quand j’étais petite. Je fais de la paralysie du sommeil depuis mes quatre ans, ça ne m’a jamais inquiétée. Ma peur a peut-être commencé au lycée. Et peut-être que ça s’est accentué en 2018. Peut-être que c’est lorsque ma mère m’a laissé vivre seule ? Non, j’étais toujours défoncée et je m’endormais vite. Peut-être quand j’ai arrêté de fumer des joints ? Je ne sais plus.
Mes rêves, j’en parle même pas. Ils sont tous aussi glauques les uns que les autres. Si je me donnais les moyens d’être réalisatrice et scénariste de films d’horreur, j’exploserais tout les précédents (pas compliqué en même temps).
Il y en a un, de rêve, qui m’a grave marquée. C’était trois petites filles qui étaient sœurs et devaient chacune entrer dans un cercueil. L’ainée commençait, la cadette suivait, elles s’enfermaient tranquillement dans leurs boites sans rechigner. Et quand le tour de la benjamine arrivait, elle se mettait à hurler. Mais un cri… c’était horrible, strident, glaçant, ça me pétrifiait. Un vrai de fantôme quoi ! Et le rêve recommençait, recommençait, avec les mêmes détails, sans que je ne sache quoi faire. Et je redoutais le moment où c’était au tour de la plus jeune. Et puis, à un moment j’ai dit : "J’ai compris." Et je l’ai accompagnée dans son cercueil, sachant que je ne pourrai plus jamais en sortir. C’était à nouveau paisible, et je me suis réveillée. J’avais genre 13 ans. Bref, faudrait que j’écrive une page entière dédiée aux rêves les plus sombres que j’ai fait un jour.
Ouais non, j’aime définitivement pas dormir.